Une introduction au primitivisme


Cet essai a été publié la première fois par John Moore dans le journal Green Anarchist, Londres. Traduction par Mouton sauvage

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NOTES DE L’AUTEUR: Il ne s’agit pas d’une assertion définitive, tout au plus un point de vue personnel, qui essaye d’expliquer ce qu’on entend par anarcho-primitivisme. Je désire fournir une introduction générale au sujet, sans exclure ni limiter. Je m’excuse pour les inexactitudes, les fausses interprétations ou les généralisations (inévitables).

Qu’est-ce que l’anarcho-primitivisme ?

L’anarcho-primitivisme (aussi primitivisme radical, primitivisme antiautoritaire, mouvement anti civilisation ou simplement primitivisme) est un mot générique pour un courant radical qui critique la civilisation dans sa totalité du point de vue anarchiste, et qui tente d’initier une transformation complète du mode de vie humain. Mais concrètement, il n’existe rien de tel que l’anarcho-primitivisme ou des anarcho-primitivistes. Fredy Perlman, un des acteurs majeurs de ce courant, a dit une fois que le seul nom en –iste auquel il répondait était « violoncelliste ». Les individus associés à ce courant ne veulent pas être les adeptes d’une idéologie, mais des gens qui cherchent à devenir des individus dans des communautés libres vivant en harmonie avec les autres et avec la biosphère, et donc refusent d’être limités par le terme « anarcho-primitiviste » ou tout autre étiquette idéologique. Au mieux, l’anarcho-primitivisme est une étiquette pratique pour caractériser divers individus ayant comme projet commun l’abolition des relations de pouvoir (les structures de contrôle, de coercition, de domination et d’exploitation) et la création de formes communautaires excluant ces relations.

Alors pourquoi est-ce que le terme « anarcho-primitiviste » a été utilisé pour caractériser ce courant ?

En 1986, le cercle du Cinquième Etat de Détroit (Detroit Fifth Estate) indiquèrent qu’ils s’étaient engages dans le développement d’une « critique radicale de la structure technologique de la civilisation occidentale [,] combinée avec le réexamen du monde indigène et du caractère des communautés originales et primitives. Dans ce sens nous sommes des primitivistes… » Le groupe du Cinquième Etat essayait de compléter la critique de la civilisation avec le réexamen des primitifs qu’ils considéraient comme une source de renouveau et d’inspiration antiautoritaire. Ce réexamen des primitifs se faisant dans une perspective anarchiste, perspective concernée par l’élimination des relations de pouvoir. Le Cinquième Etat indiquait, attirant l’attention sur « une synthèse émergente de l’anarchisme postmoderne et ‘une vision extatique primitive (dans le sens de original), et basée sur la Terre (Ndt : animiste ?) », que :

Nous ne sommes pas des anarchistes mais pour l’anarchie, qui est pour nous une expérience vivante et intégrale, sans rapport avec le pouvoir et qui refusons toute idéologie. Notre travail sur ce projet est d’explorer les possibilités de notre participation à ce mouvement, mais aussi de travailler à redécouvrir les racines primitives de l’anarchie et de documenter son expression actuelle. Simultanément, nous examinons l’évolution du pouvoir au milieu de nous dans le but de proposer des nouveaux domaines de contestation et de critique pour miner la tyrannie actuelle du discours moderne totalitaire, cette méta-réalité qui détruit l’essence humaine, et la solidarité, en la stimulant avec de la technologie.  Reconquérir un discours vraiment humain basé sur un mutualisme autonome, intersubjective et fortement associé avec le monde naturel est une nécessité fondamentale qui sous-tend toutes les luttes pour la liberté.

L’objectif est de développer une synthèse de l’anarchie primitive et contemporaine, une synthèse des aspects écologiques, non étatiques et antiautoritaires du mode de vie primitive avec les formes les plus avancées de l’analyse anarchiste des relations de pouvoir. L’objectif n’est pas de répliquer ou de retourner à la vie primitive, mais de voir la vie primitive comme une source d’inspiration, une forme d’anarchie exemplaire.

Pour les anarcho-primitivistes, la civilisation est le contexte douloureux à l’intérieur duquel se développent une multitude de relations de pouvoir. Quelques relations de pouvoir basiques sont présentes dans les sociétés primitives et c’est une des raisons pour lesquelles les anarcho-primitivistes n’essayent pas de répliquer ces sociétés, mais c’est dans la civilisation que ces relations de pouvoir deviennent envahissantes et enracinées dans pratiquement tous les aspects de la vie humaine et des relations humains dans la biosphère. La civilisation, également nommée la méga-machine ou le Léviathan, devient une immense machine qui gagne son propre élan et se retrouve au-delà du contrôle de ses dirigeants supposés. Animés par les routines de la vie quotidienne qui sont définies et gérées par des schémas d’obédience internalisés, les gens deviennent les esclaves de la machine, du système qu’est la civilisation. Il n’y a qu’un refus généralisé de ce système et de ses formes de contrôle diverses, une révolte contre le pouvoir lui-même, qui puisse abolir la civilisation et proposer une alternative radicale. Les idéologies comme le marxisme, l’anarchisme classique et le féminisme s’opposent à des aspects de la civilisation, il n’y a que l’anarcho-primitivisme qui s’oppose à la civilisation, le contexte dans lequel les diverses formes d’oppression prolifèrent et deviennent envahissantes, et bien sûr, possibles. L’anarcho-primitivisme intègre des éléments de divers courants d’opposition : conscience écologique, anarchiste antiautoritaire, critique féministe, idées situationnistes, théorie zéro-travail, critique de la technologie, mais va au-delà de l’opposition à une seule forme de pouvoir pour les refuser toutes et proposer une alternative radicale.

En quoi est-ce que l’anarcho-primitivisme diffère de l’anarchisme ou d’autres idéologies radicales ?

Du point de vue de l’anarcho-primitivisme, toutes les autres formes de radicalisme semblent être du réformisme, qu’elles se considèrent elles-mêmes comme révolutionnaire ou pas. Par exemple le marxisme et l’anarchisme classique veulent prendre le pouvoir dans la civilisation, retravailler ses structures jusqu’à un certain point et supprimer ses abus et oppressions les plus graves. Néanmoins, 99% de la vie dans la civilisation demeure inchangée dans leurs scénarios futurs, précisément parce que les aspects de la civilisation qu’ils mettent en question sont minimes. Bien que les deux veulent abolir le capitalisme, l’anarchisme classique veut aussi abolir l’Etat, la façon de vivre générale ne changerait pas beaucoup. Bien qu’il y aurait quelques changements dans les relations socio-économiques, comme l’autogestion et des conseils de quartier à la place de l’état, et même une attention particulière sur l’écologie, les schémas de base seraient les mêmes. Le modèle occidental du progrès continuerait, la plupart des gens travailleraient, vivraient dans un environnement artificiel et technologique et seraient sujet à des formes de coercition et de contrôle.

Les idéologies radicales gauchistes cherchent à prendre le pouvoir, pas à l’abolir. Ils développent donc divers groupes exclusifs : cadres, partis politiques, groupes de conscientisation, dans le but de gagner des convertis et planifier des stratégies pour prendre le pouvoir. Pour les anarcho-primitivistes, les organisations sont des gangs mafieux cherchant a mettre une idéologie particulière au pouvoir. La politique, l’art et la science du gouvernement, ne fait pas partie du projet primitiviste mais seulement une politique du désir, du partage et d’une liberté radicale.

D’où vient le pouvoir selon les anarcho-primitivistes ?

Encore une source de débats parmi les anarcho-primitivstes. Perlman considère que c’est au moment de la création d’institution impersonnelles ou de relations de pouvoir abstraites que l’anarchie primitive est démantelée par les relations sociales civilisées. De l’autre côté, John Zerzan considère que le développement de médiateurs symboliques de formes variées : nombres, langage, temps, arts et plus tard l’agriculture sont des moyens qui ont mené de la liberté humaine à un état de domestication. Cet intérêt pour l’origine est important pour l’anarcho-primitivisme parce que les primitivistes cherchent, de façon exponentielle, à montrer, provoquer et abolir toutes les formes de pouvoir qui structurent les relations individuelles et sociales ainsi que les interrelations avec le monde naturel. L’identification des origines est un moyen d’identifier ce qui peut être sauvegardé sans risque des ruines de la civilisation de ce qu’il est essentiel d’éradiquer pour que les relations de pouvoir ne recommencent pas après l’effondrement de la civilisation.

Quel type de futur les anarcho-primitivistes envisagent-ils ?

Le journal anarcho-primitiviste « Anarchy, A Journal of Desire Armed » envisage un futur qui serait ‘radicalement coopératif et communautaire, écologique et féministe, spontané et sauvage’ et c’est probablement la description la plus proche. Il n’y a pas de plan, pas de modèle prescriptif, bien qu’il est important de souligner que ce futur envisagé n’est pas ‘primitif’ au sens propre du terme. Comme le Vème Etat l’a dit en 1979, « Il nous faut anticiper les critiques qui nous accuseront de vouloir ‘retourner aux cavernes’, ou notre position qui consiste a jouir des bienfaits de la civilisation tout en la critiquant durement. Nous ne proposons pas l’âge de la pierre comme modèle pour notre utopie […] ni ne suggérons un retour à la cueillette et à la chasse comme style de vie. Pour corriger cette idée fausse commune, il est important de souligner que le futur envisagé par les anarcho-primitivistes est sui generis, c’est-à-dire sans précédent. Bien que les cultures primitives fournissent des intimations du futur, et ce futur peut tout-à-fait intégrer des éléments dérivés de ces cultures, un monde anarcho-primitiviste sera très certainement différent des formes précédentes d’anarchie.

Comment les anarcho-primitivistes considèrent-ils la technologie ?

John Zerzan définit la technologie comme ‘l’ensemble de la division du travail/production/industrialisme et sont impact sur la nature. La technologie est la somme des nos médiations avec le monde naturel et la somme des séparations entre nous. C’est toute les corvées et la toxicité requises pour produire et reproduire les états d’hyper aliénation où nous nous languissons. C’est la texture et la forme de la domination à tous les étages de la hiérarchie et de la domination’. L’opposition à la technologie joue donc un rôle important dans la pratique anarcho-primitiviste. Par contre, Fredy Perlman dit que ‘la technologie n’est rien d’autre que l’armement du Léviathan, ses griffes et ses crocs’. Les anarcho-primitivistes sont ainsi opposés à la technologie mais il y a quelques débats sur le rôle central de la technologie sur la domination dans la civilisation.

Une distinction doit être faite entre les outils (ou l’équipement) et la technologie. Perlman montre que les peuples primitifs développent toutes sortes d’outils et d’équipements, mais pas de technologie. Les objets matériels, les canes à pêche, les canots, les bâtons à fouir et les murs étaient des choses qu’un individu seul pouvait fabriquer ou étaient des choses, comme un mur qui pouvait parfois nécessiter la coopération de plusieurs. La plupart de l’équipement est ancien et les surplus (matériels qu’ils étaient sensés produire) furent réalisés dès le premier jour sans qu’ils ne provoquent l’avènement d’institutions impersonnelles. Les gens, êtres vivants, produisent l’émergence des deux. Les outils sont des créations locales, à petite échelle, des produits d’individus ou de petits groupes, créés lors d’occasions toutes particulières. En tant que tel ils ne mènent pas à l’avènement de systèmes de contrôle et de coercition.

De l’autre côté, la technologie est le produit de systèmes à grande échelle et interdépendants d’extraction, de production, de distribution et de consommation. Ces systèmes atteignent leur propre vitesse et dynamique. Ils nécessitent donc des structures de contrôle et d’obédience à une échelle massive, ce que Perlman nomme les institutions impersonnelles. Comme le Cinquième Etat le soulignait en 1981 : « La technologie n’est pas un simple outil qui peut être utilisé de la façon dont on veut. C’est une forme d’organisation sociale, un ensemble de relations sociales. Elle a ses propres lois. Si nous voulons l’utiliser, nous devons accepter son autorité. La taille énorme, les interconnexions complexes, la stratification des tâches qui qualifient les systèmes technologiques modernes rendent  l’ordre autoritaire nécessaire et la prise de décision individuelle impossible.

L’anarcho-primitivisme est un courant anti-systémique : il s’oppose à tous les systèmes, aux institutions, aux abstractions, aux artifices, au synthétique et aux machines car ils donnent forme à des relations de pouvoir. Les anarcho-primitivistes s’opposent donc à la technologie, au système technologique mais pas à l’utilisation d’outils ou d’équipements dans le sens indiqué ici. Il y a toujours débat quant à savoir si une forme de technologie ou l’autre est appropriée dans un monde anarcho-primitiviste. Le Cinquième Etat remarquait en 1979 que, en substance, les discussions sur le futur devraient être raisonnablement fondées sur ce que nous désirons socialement et à partir de là, déterminer quelle technologie serait possible. Nous désirons tous le chauffage central, les WC à eau et la lumière électrique (NDT : et que dire aujourd’hui d’Internet), mais pas au prix de notre humanité. Peut-être qu’ils sont possibles en même-temps, peut-être pas.

Qu’en est-il de la médecine ?

Dans l’absolu, l’anarcho-primitivisme parle de guérison : guérison des fissures qui se sont ouvertes au sein des individus, entre les gens, entre les gens et la nature ; des fissures qui ont été ouvertes par la civilisation, y-compris l’Etat, le capital et la technologie. Le philosophe allemand Nietzche dit que la douleur, et la façon dont elle est gérée, devrait être au centre de n’importe quelle société libre, et à ce titre il a raison. Les individus, les communautés et la Terre elle-même ont été mutilés à un degré ou un autre par les relations de pouvoir caractéristiques de la civilisation. Les gens ont été psychologiquement mutilés mais aussi physiquement agressés par les maladies et les affections. Cela ne veut pas dire que l’Anarcho-primitivisme peut abolir la douleur, les maladies et les affections ! Néanmoins, des recherches ont révélé que plusieurs maladies sont la résultante de nos conditions de vie civilisées, et si ces conditions étaient abolies, alors certains types de douleur et d’affection pourraient disparaître.

De plus, un monde qui place la douleur au centre chercherait vigoureusement à l’apaiser en cherchant des moyens de guérir les maladies et les affections. Dans ce sens, l’anarcho-primitivisme est très concerné par la médecine. Cela dit, la forme de médecine aliénante, high-tech et pharmaceutique qui est pratiquée à l’ouest n’est pas la seule forme de médecine possible. La question de savoir en quoi consisterait la médecine dans un monde anarcho-primitiviste dépend, comme les commentaires sur la technologie du Cinquième Etat ci-dessus, de ce qui est possible et de ce que les gens désirent, sans compromettre les modes de vie d’individus libre dans des communautés libres centrées sur l’écologie. Comme pour toutes les autres questions, il n’y a pas de réponse dogmatique à ce problème.

Qu’en est-il de la population ?

C’est un problème controversé, surtout parce qu’il n’y a pas de consensus parmi les anarcho-primitivistes sur ce sujet. Certains disent qu’une réduction de la population ne serait pas nécessaire, d’autres que ce le serait pour des raisons écologiques et/ou pour soutenir le type de style de vie envisagé par les anarcho-primitivistes. George Bradford, dans Quelle est la profondeur de l’écologie profonde ? (Ndt : How deep is deep ecology), explique que le contrôle des femmes sur leur reproduction induirait une chute du taux de croissance de la population. Le point de vue personnel de l’auteur est que la population doit être réduite mais que cela se produira par pertes naturelles, c’est-à-dire que lorsque des gens mourront, ils ne seront pas tous remplacés et ainsi le taux de croissance baissera et se stabilisera éventuellement. Les anarchistes ont souvent avancé que dans un monde libre, les pressions sociales, économiques et psychologiques induisant une reproduction excessive seraient supprimées. Il y aurait tout simplement trop de choses intéressantes à faire pour passer son temps. L’argument des féministes est que les femmes, libérées des contraintes liées au genre et à la structure familiale ne seraient plus qualifiées par leurs capacités reproductrices comme ça l’est dans les sociétés patriarcales et le résultat serait également une population plus basse. Donc la population baisserait gentiment. Après tout Perlman affirme clairement que la croissance de la population est un pur produit de la civilisation : une augmentation continue de la population, aussi permanente que le Léviathan lui-même. Ce phénomène ne semble exister que parmi les humains léviathanisés. Les animaux, ainsi que les communautés humaines dans l’état naturel ne prolifèrent pas au point de pousser toutes les autres espèces hors du champ. Il n’y a donc aucune raison de supposer que les populations humaines ne se stabiliseraient pas à partir du moment où les relations sociales propre au Léviathan sont abolies et où l’harmonie est rétablie au sein des communautés.

Ignorez les fantaisies délirantes répandues par quelques commentateurs hostiles à l’anarcho-primitiviste qui suggèrent que le niveau de population envisagé par les anarcho-primitivistes ne pourrait être atteint que par des morts massives et des camps d’extermination. Ce ne sont que des tactiques fourbes. L’engagement des anarcho-primitivistes pour l’abolition de toutes les relations de pouvoir, y-compris l’Etat et tous ses appareils administratifs et militaires, ainsi que tous les types de partis ou d’organisation, signifie qu’un massacre orchestré est une impossibilité autant qu’une horreur totale.

Comment un futur anarcho-primitiviste pourrait-il se réaliser ?

C’est la question à mille balles (pour utiliser une métaphore particulièrement suspecte). Il n’y a pas de guide, pas de canevas. La réponse évasive, considérée par certains comme une échappatoire, est que des formes de luttes vont émerger au cours de l’insurrection. C’est vrai mais ce n’est pas d’une grande aide. Le fait est que l’anarcho-primitivisme n’est pas une idéologie pour la recherche de pouvoir. Il ne cherche pas à prendre l’Etat, à prendre le contrôle des usines, gagner des convertis, créer des organisations politiques ou diriger les gens. Au lieu de cela, il veut que les gens deviennent des individus libres vivant dans des communautés libres et qui soient interdépendants entre eux et avec la biosphère qu’ils habitent. Je veux donc une transformation totale, une transformation identitaire, de mode de vie, de façon d’être et de communiquer. Cela signifie que les méthodes testées et éprouvées des idéologies à la recherche de pouvoir ne sont tout simplement pas adaptées au projet anarcho-primitiviste qui cherche à abolir toutes les formes de pouvoir. Il faut donc développer des nouvelles formes d’action et d’être qui soient en adéquation avec le projet anarcho-primitiviste. C’est un processus permanent et il n’y a pas de réponse facile à la question : que faut-il faire ?

A l’heure actuelle, beaucoup s’accordent à dire que les communautés de résistance sont un élément important dans le projet anarcho-primitiviste. Le mot « communauté » est galvaudé de nos jours de toutes sortes de façons (Ndt : comme business community qui se traduit par le milieu des affaires), précisément parce que la plupart des communautés authentiques ont été détruites par le capital et l’Etat. Certains pensent que si les communautés traditionnelles, souvent sources de résistance au pouvoir, ont été détruites, alors la création de communautés de résistance, des communautés formées par des individus dont l’objectif commun est la résistance – sont un moyen de recréer les bases pour l’action. Une vieille idée anarchiste est que le nouveau monde doit être créé au sein de la coquille de l’ancien. Cela signifie que lorsque la civilisation s’effondrera, de son propre gré, grâce à nos efforts, ou à une combinaison des deux, alors il y aura une alternative en attente pour prendre sa place. Cela est vraiment nécessaire car, en l’absence d’alternatives positives, les bouleversements sociaux provoqués par l’effondrement pourraient facilement créer l’insécurité psychologique et le vide social dans lequel le fascisme et les autres dictatures totalitaires pourraient prospérer. Pour l’auteur, cela signifie que l’anarcho-primitivisme doit développer des communautés de résistance, des microcosmes (autant qu’ils peuvent l’être) du futur à venir, tant dans les villes qu’à l’extérieur. Elles doivent agir comme base d’action (et particulièrement d’action directe), mais être aussi des lieux pour la création de nouvelles façons de penser, de se comporter, de communiquer, d’être et ainsi de suite, ainsi qu’un nouvel ensemble d’éthiques. En bref, une nouvelle culture libératrice. Elles doivent devenir des lieux où les gens peuvent découvrir leurs vrais désirs et plaisirs, et par la bonne vieille idée anarchiste de l’acte exemplaire, montrer aux autres par l’exemple que des modes de vie alternatifs sont possibles.

Toutefois, il existe de nombreuses autres possibilités à explorer. Le genre de monde envisagé par les anarcho-primitivistes est sans précédent dans l’expérience humaine en termes de degré et de type de liberté prévu… Il ne peut donc y avoir aucune limite dans les formes de résistance et d’insurrection qui pourraient se développer. Les grandes transformations qui sont envisagées auront besoin de toutes sortes de pensées et d’activité novatrices.

Comment puis-je en savoir plus sur l’anarcho-primitivisme ?

Vous pouvez lire le livre de Fredy Perlman Contre le Léviathan, contre son histoire, le plus important texte anarcho-primitiviste ainsi que des écrits de John Zerzan comme Aux sources de l’aliénation ou Futur primitif. La page http://fra.anarchopedia.org/Anarcho-primitivisme donne des explications et des liens. Voir également le zine Vert & Noir sur http://anarchieverte.ch40s.net. Des textes traduits du magazine Green Anarchy sont également disponibles sur l’En Dehors http://endehors.net/texts/green-anarchy

Comment puis-je m’impliquer dans l’anarcho-primitivisme ?

Vous pouvez prendre contact avec d’autres personnes sur le forum http://vertetnoir.xooit.fr

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5 commentaires pour Une introduction au primitivisme

  1. Misko dit :

    Merci, Mouton Sauvage. Je le fais circuler de mon côté.

  2. Je viens de découvrir qu’il existait déjà une traduction, elle m’avait échappé lorsque je me suis mis à faire cette traduction.

    Elle me permettra de comparer les deux pour décider s’il est possible d’améliorer la mienne ou si le mieux est de s’en débarrasser.

    http://vid.ange.free.fr/journaux_html/n1/cadre-n1.php?page=5

  3. kipawa dit :

    merci pour la traduction. J’ai comparé les deux versions et… je trouve que la traduction de certains termes est plus juste dans la version de vidange. Je pense en faire une brochure, mais je vais mettre un lien vers ce site (anarchie verte) et le forum.

    à +

  4. Urscumug dit :

    Merci kipawa, je fais confiance en ton choix car je compte également intégrer ce texte dans le vert&noir 3

  5. J’ai jeté un oeil, il y a effectivement plusieurs éléments qui sont meilleurs dans la traduction de vidange, mais elle n’est pas non plus exempte de défauts, je vais tenter d’améliorer la mienne pour avoir encore une meilleure.

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